Ministère de l'Environnement, du Développement Durable et de la Transition Ecologique (MINEDDTE)

Ministère de l'Environnement, du Développement Durable et de la Transition Ecologique (MINEDDTE)

À la troisième table ronde ministérielle de haut niveau consacrée à la transition juste, le 20 novembre 2025, la Côte d’Ivoire a rappelé avec force que la justice sociale et l’équité doivent rester au cœur des discussions climatiques.

Dans une déclaration lue par le Directeur de Cabinet, Monsieur Parfait KOUADIO, la Côte d’ivoire a insisté sur l’idée que la transition vers des économies neutres en carbone ne peut se faire sans l’humain, et qu’elle doit viser une transformation inclusive, protectrice et équitable.

Dans un monde où les changements climatiques accentuent les inégalités et fragilisent les populations les plus vulnérables, la transition juste n’est plus un concept théorique. « Elle est devenue une exigence incontournable », a rappelé M. Parfait KOUADIO lors du segment ministériel consacré à la thématique.

Selon lui, les travailleurs, les communautés locales, les femmes, les jeunes et tous ceux qui vivent directement les effets du climat doivent prendre part aux décisions. « Ce principe est essentiel pour garantir l’inclusivité des politiques visant de grandes transformations à mener », a-t-il expliqué.

Sa déclaration a également mis l’accent sur la nécessité d’un cadre international solide pour accompagner les pays en développement. Un tel cadre doit renforcer les capacités institutionnelles, favoriser la coopération technique et faciliter l’accès à des financements climatiques adaptés.

En matière de transition juste, la Côte d’Ivoire dispose de divers outils. Il s’agit, entre autres, des Contributions Déterminées au niveau National (CDN), du Code de l’Environnement, de la Loi sur le Changement Climatique, de la synergie gouvernementale et des stratégies de long terme. Le Directeur de Cabinet s’est félicité des efforts faits pour rendre ses outils simples, accessibles et adaptés aux réalités de chaque des communautés.

 

La Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) a présenté le 19 novembre 2025, au Pavillon Côte d’Ivoire de la COP30, le contenu de sa stratégie de transition énergétique. M. Tiotioho Soro, Directeur Général a présenté un plan d'investissement massif de plus de 10 milliards de dollars (soit 6 000 milliards de FCFA) d’ici 2030, visant à faire de l'entreprise un leader de la transition énergétique en Afrique de l’Ouest, conformément à la vision de l'État ivoirien de transformer le pays en un hub énergétique continental.

La SIR aborde la transition énergétique selon deux volets concomitants, a annoncé le Directeur Général. D'une part, diminuer l’impact de ses installations existantes sur l’environnement, et d'autre part, se positionner en tant que leader dans les nouvelles sources d’énergie.

Pour y arriver, des projets pour l'amélioration de la qualité des carburants et la réduction des émissions ont été mis en place.

« Le projet phare est la désulfuration du Gasoil (HDS), un ensemble d’unités en cours de construction qui permettra de réduire le soufre à seulement 10 ppm (parties par million) d’ici 2030, respectant la Norme Afri 6 de la CEDEAO », expliqua-t-il.

En matière d'efficacité énergétique, il a souligné que la SIR était déjà passée à l'action à travers la mise en service d’une centrale modulaire électrique au gaz naturel de 20 MW depuis 2022. Ce dispositif contribue à réduire son empreinte carbone en remplaçant le fuel lourd.

« Le projet sera complété par une installation de cogénération électricité et vapeur au gaz naturel de 50 MW, dont le démarrage est prévu en 2028. Ainsi la raffinerie pourra couvrir l’intégralité de ses besoins énergétiques » a-t-il déclaré.

L'entreprise explore activement de nouvelles chaînes de valeur axées sur les énergies et la mobilité. Dans ce cadre, un projet pilote de production de biocarburants à partir de déchets agricoles, notamment des graines d’hévéa, a déjà été réalisé en consortium avec l'ANADER, SCANIA et TOTALENERGIES, et la réflexion est en cours pour une production industrielle, selon le Directeur Général.

Pour compenser le carbone non neutralisé par ses installations, la SIR a formalisé un plan de reforestation prévoyant le planting de 100 hectares par an sur dix ans en partenariat avec le ministère de l’Environnement et celui des Eaux et Forêts.

« Nous invitons ceux qui s’intéressent à la Côte d’Ivoire, de nous rejoindre pour réaliser ce plan stratégique qui permettra à notre pays d’être au rendez-vous de 2050 », a-t-il conclu.

 

En matière de transition énergétique, la Côte d’Ivoire dispose d’une feuille de route complète, conjuguant ambition stratégique et crédibilité des données. Cette feuille de route a fait l’objet d’un panel placé sous le thème « opportunités d’investissement dans le domaine de l’énergie en côte d’ivoire », le 18 novembre 2025, à Belém.

Donnant les détails desdites opportunités, le Directeur Général de l’Énergie, Monsieur Ehouman KALIFA a réaffirmé la vision ivoirienne de futur hub énergétique de l’Afrique de l’Ouest avec l’objectif d’atteindre l’accès universel à l’électricité pour tous. Pour asseoir sa durabilité, le pays s'est fixé l’ambition d’incorporer 46,3 % d’énergies renouvelables dans son mix énergétique d’ici 2035.

« Cette transformation s’étend sur la période 2023-2040 et nécessite un financement massif estimé à près de 15,02 milliards de dollars américains », a dit Monsieur Ehouman KALIFA, Directeur Général de l’Énergie.

Les opportunités d’investissement dans le secteur portent sur les projets d’énergie solaire, de l’hydroélectricité et de biomasse.

Le pays cherche également des capitaux pour l'installation d'infrastructures gazières modernes, pour l'extension et la modernisation de son réseau de transport électrique, et pour le développement des énergies de demain, comme les biocarburants industriels, l’hydrogène et la mobilité électrique.

Le Modèle MRV du secteur énergie

Pour garantir la crédibilité de ces investissements, la Côte d'Ivoire a mis en place un système de Mesure, Notification et Vérification (MNV), gage de transparence dans la mise en œuvre des actions. Cette session s’est déroulée le 19 novembre et a été porté par Monsieur Dosso Moussa, Directeur des Energies Renouvelables et la Bioénergie a présenté le modèle de transparence énergétique, conforme au cadre de transparence renforcé des Nations Unies.

L’innovation majeure est l’infrastructure numérique qui soutient ce système. « La plateforme MNV Énergie permet la collecte et la consolidation automatisée des données via des interconnexions avec les systèmes nationaux. Cet outil repose sur une gouvernance impliquant trente-deux institutions et cinquante-huit points focaux », a expliqué Dosso moussa.

Grâce à des protocoles de contrôle qualité inspirés des normes internationales, la Côte d’Ivoire est désormais en mesure de fournir des indicateurs fiables et traçables, essentiels pour le premier Rapport Biennal.

 

Face aux impacts croissants du changement climatique, la filière cacao ivoirienne doit se réinventer. Au Pavillon Afrique de la COP30, à Belém, le Conseil du Café-Cacao a animé, le 18 novembre 2025, un panel placé sous le thème « Vers une cacaoculture résiliente et bas-carbone : innovations de la recherche agronomique et de la finance climatique ».

Modéré par M. Jean Paul Aka du PNUD, cette tribune a permis d’explorer les solutions visant à bâtir une cacaoculture résiliente et bas-carbone, qui mise sur l’innovation et la finance climatique.

Plusieurs menaces pèsent sur le verger cacaoyer, a souligné d’entrée de jeu Dr Tahi Mathias, Directeur en charge de la Recherche et de la Lutte contre le Changement Climatique au Conseil du Café-Cacao.

Il a cité les principales maladies que sont le champignon agressif Phytophthora megakarya et le virus du swollen shoot. Ces fléaux entraînent des pertes financières considérables pour les planteurs et pour l’économie nationale.

« Pour la pérennité de la filière, la recherche se doit d’apporter une réponse adéquate », a-t-il insisté, avant de présenter des innovations comme l’agroforesterie, l’introduction du Biochar, l’exploitation des mycorhizes et la fertilisation raisonnée.

Ces solutions exigent des ressources importantes pour leur développement et leur mise à l’échelle, d’où la nécessité de financements additionnels. Pour répondre à ce défi, Dr Amani Kouassi du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) a présenté le Mécanisme des Bénéfices d’Adaptation (ABM), récemment approuvé par les experts.

Il a expliqué que ce dispositif permet de quantifier, certifier et financer les bénéfices d’adaptation, notamment ceux issus de l’agroforesterie cacaoyère.

« Grâce à l’ABM, les producteurs pourraient être rémunérés pour des pratiques qui renforcent leur résilience face à la sécheresse, aux maladies et au stress climatique. L’adaptation devient enfin bancable », a-t-il affirmé.

À ce sujet, Dr Beria Leimona lui aussi du CIFOR, a élargi la perspective en évoquant les marchés carbone, les paiements basés sur la performance et les mécanismes incitatifs pour valoriser les services écosystémiques du cacao. Ces approches ouvrent la voie à des revenus additionnels pour les producteurs, a-t-il renchéri.

Des financements disponibles mais exigeants

Moubarak Moukaila (BOAD) a souligné que d’importantes ressources financières existent sur le marché, prêtes à être mobilisées par des projets solides. La BOAD propose des mécanismes adaptés au secteur agricole, accessibles au public comme au privé, avec une co-construction pour garantir leur bancabilité. Cependant, il a pointé un obstacle majeur, à savoir, le manque de données fiables, qui empêche de démontrer la durabilité des projets. « Les États doivent aider à corriger cette faiblesse », a-t-il précisé.

M Kouadio Fidèle représentait le FIRCA à ce panel. Il a rappelé le rôle du FIRCA, accrédité au Fonds Vert Climat et au Fonds d’Adaptation, en matière d’accompagnement des organisations de producteurs et des institutions publiques pour un accès aux financements climat.

Les discussions ont également abordé des thèmes comme les fonds de préparation, le choix des arbres en agroforesterie, le stockage du carbone par les cultures, et la coopération entre structures accréditées.

Son Excellence Monsieur Diamoutene Alassane Zie, Ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Brésil, a recommandé le renforcement de la coopération agricole entre les pays, afin de partager les innovations et les bonnes pratiques pour une cacaoculture durable.