Ministère de l'Environnement, du Développement Durable et de la Transition Ecologique (MINEDDTE)

Ministère de l'Environnement, du Développement Durable et de la Transition Ecologique (MINEDDTE)

La contribution de la cacao-culture au PIB des pays membres de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), en particulier la Côte d’Ivoire qui en est le premier producteur mondial, doit absolument être préservée dans un contexte marqué par les impacts du changement climatique sur les rendements agricoles.

Cette vision a été au centre d’un panel animé sur le Pavillon de la CEDEAO à la COP30 de Belém, le samedi 15 novembre 2025.

À travers le Conseil du Café-Cacao (CCC), organe de régulation de la filière, la Côte d’Ivoire a démontré comment la science, la technologie et la finance climatique permettent de répondre aux maladies qui menacent sa première filière économique.

Des actions pour améliorer la filière

Selon Dr Gnion Mathias Tahi, Directeur de la Recherche et de la lutte contre le changement climatique au Conseil du Café-Cacao, la lutte contre le swollen shoot reposait sur une approche tardive, lorsque les vergers étaient déjà gravement touchés. Pour y remédier, des actions fortes ont été mises en place.

« Cette logique n’est plus tenable. D’où l’introduction par le Conseil du Café-Cacao d’un kit suisse de détection rapide, capable d’identifier le virus à partir d’une simple feuille. Une petite révolution qui ouvre la voie à des interventions précoces, moins coûteuses, et bien plus efficaces », a-t-il expliqué.

La Côte d’Ivoire a également renforcé les capacités de la SODEXAM, société qui gère les données météorologiques au nveau national.

« Avec le projet VIGICLIM, la Société d'exploitation et de développement aéroportuaire, aéronautique et météorologique (SODEXAM) dispose de 17 stations agrométéorologiques collectant déjà des données sur l’humidité, les précipitations et l’évapotranspiration, indicateurs déterminants pour anticiper les crises sanitaires et les stress climatiques », a précisé son représentant, M. Eklou Ferdinand.

De nouvelles perspectives avec la science et la finance verte

Prenant part à ce panel, Dr Kouassi Amani, agroclimatologue au Centre International pour la Recherche en Agroforesterie (ICRAF) a renchérit en soulignant que les maladies du cacaoyer ne surgissent pas par hasard, mais en fonction de conditions météo bien définies (humidité, chaleur, durée d’humectation des feuilles). La science peut désormais analyser tous ces facteurs pour anticiper les risques.

« L’ICRAF a élaboré un modèle agrométéorologique basé sur l’IA, opérationnel et capable d’anticiper plusieurs jours à l’avance les risques d’infections fongiques », a déclaré l’expert en indiquant que l’outil ouvrait désormais la voie à des modèles similaires pour les ravageurs, notamment la cochenille responsable de la propagation du swollen shoot.

La mobilisation des ressources auprès des partenaires techniques et financiers a toujours été un levier important pour la Côte d’Ivoire en quête meilleurs rendements et de gestion durable des vergers des paysans.

Pour Mme Olola Vieyra, Représentante-pays de l’Institut mondiale pour la croissance verte (GGGI), sans financement massif, les innovations scientifiques resteront dans les laboratoires. Elle a donc salué les mécanismes de finance climatique déployés en Côte d’Ivoire, notamment les marchés carbone et les dispositifs d’adaptation, capables de soutenir les stations météo, les systèmes d’alerte, l’agroforesterie.

N’Guessan Rodrigue, Directeur général du Développement Rural au Ministère d’État chargé de l’Agriculture a rappelé les actions du Gouvernement visant à moderniser les services du CNRA (Centre National de Recherche Agronomique) et à renforcer son système météorologique.

La filière cacao entre ainsi dans une nouvelle ère, où l’on n’attend plus que les plantations tombent malades pour agir.

 

La question de la biodiversité était au centre d’un panel portant sur les Aires Marines Protégées, le 14 novembre 2025, à Belém. Animé par M. Diarrassouba Issa, Directeur de la Planification à l’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR), cette session visait à faire connaître les efforts du pays pour protéger ses écosystèmes marins face aux pressions croissantes du changement climatique et des activités humaines.

« Longtemps absents du réseau national de conservation, ces espaces sont désormais au cœur d’une stratégie ambitieuse pour répondre aux défis de la biodiversité et du changement climatique », a laissé entendre le Directeur de la Planification.

En effet, avec 566 km de littoral, la Côte d’Ivoire abrite des écosystèmes riches (mangroves, récifs, herbiers) qui jouent un rôle important dans la régulation climatique (absorption de 25 à 30 % du CO₂), la pêche et l’équilibre écologique. Pourtant, ces zones subissent des pressions croissantes : pollution, surpêche, urbanisation et érosion côtière.

Jusqu’en 2022, aucune aire marine protégée (AMP) n’existait dans le pays. Cette lacune est désormais comblée avec la création de la première AMP de Grand-Béréby, un site de 272 375 hectares, situé dans la région de San Pedro.

Aujourd’hui, le pays prévoit la création de quatre nouvelles AMP et l’élaboration d’une stratégie nationale pour leur promotion. Des outils scientifiques comme Marxan, la cartographie SIG et le suivi satellitaire seront mobilisés pour planifier ces zones. Parallèlement, la Côte d’Ivoire mise sur la finance bleue et l’écotourisme durable pour assurer la viabilité économique de ces initiatives.

« En intégrant la dimension marine à sa politique de conservation, la Côte d’Ivoire franchit un cap décisif. Les AMP, au-delà de leur rôle écologique, deviennent un levier stratégique pour la résilience climatique et le développement durable », a souligné M. M. Diarrassouba Issa.

La question de la déforestation, de l’agroécologie et de la lutte contre le changement climatique est au cœur des défis auxquels fait face la filière café et cacao. Cela a été au centre d’un panel, le 13 novembre 2025, sous le thème « adaptation et renforcement de la résilience de la cacao-culture au changement climatique ».

Dr Tahi Mathias, Directeur en charge de la Recherche et de la Lutte contre le Changement Climatique au Conseil du Café-Cacao, a fait un exposé sur les innovations agronomiques et politiques visant à préserver la durabilité de cette filière essentielle à l’économie ivoirienne.

Selon lui, les changements climatiques entraînent des stress hydriques, des pertes de rendement et une pression parasitaire accrue, menaçant directement les revenus de milliers de producteurs. Pour y faire face, la Côte d’Ivoire mise sur une approche intégrée, combinant agroforesterie, irrigation raisonnée, utilisation de matériel végétal résilient, et gestion durable des sols.

Il a notamment cité l’utilisation du biochar, un amendement issu des résidus de cabosses, comme outil de séquestration du carbone et de préservation de la fertilité des sols, ainsi que les mycorhizes, champignons bénéfiques capables de renforcer la tolérance des jeunes plants au stress hydrique.

« L’adaptation et le renforcement de la résilience de la cacao-culture nécessitent une approche intégrée combinant innovations agronomiques, renforcement des capacités et politiques favorables », a rappelé Dr Tahi.

Dans ce processus, la Côte d’Ivoire encourage aussi la coopération Sud-Sud, la mobilisation de financements verts et la mise en place de paiements pour services environnementaux, notamment via le marché carbone.

Olala Vieyra de l’Institut mondiale pour la croissance verte (GGGI) et Docteur Kouassi Amani du CIFOR (Centre de recherche forestière internationale) ont participé à ce panel. Ils ont démontré dans leurs interventions, l’existence de d’autres sources de financement tel que l’ABM (Mécanisme de financement de l’adaptation) et les échanges de « dettes contre la nature » où une réduction de dette est échangée contre des engagements d'investissement dans la résilience. Ces mécanismes viennent renforcer les options de mobilisation pour la cacao-culture.

Ainsi, la Côte d’Ivoire reste engagée à mobiliser davantage de moyens financiers pour accompagner les projets nationaux visant la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2035.

Le financement de l’action climatique est un pan important pour la mise en œuvre des projets visant la réduction des émissions de GES. C’est dans ce contexte que le FIRCA (Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricole) a présenté, le 13 novembre 2025, son modèle d’accompagnement des acteurs nationaux et internationaux à la mobilisation de la finance climatique.

Selon Mme Traoré Assita, Directrice exécutive adjointe, le FIRCA a des mécanismes visant à renforcer les capacités institutionnelles, à structurer des projets bancables et à faciliter l’accès aux financements internationaux. Des partenariats stratégiques ont déjà été établis avec des institutions comme l’ANADER, le PNUD, le CGIAR et plus de 90 millions USD a été mobilisé à ce jour.

En plus du FIRCA qui est accrédité aux Fonds Vert pour le Climat et le Fonds d’Adaptation, la BNI (Banque Nationale d’Investissement) figure désormais parmi les institutions ivoiriennes accréditées. Cela ouvre la voie à un accès direct aux fonds internationaux pour les porteurs de projets structurants dans les secteurs de l’agriculture, des infrastructures et de la résilience communautaire.