
Face aux impacts croissants du changement climatique, la filière cacao ivoirienne doit se réinventer. Au Pavillon Afrique de la COP30, à Belém, le Conseil du Café-Cacao a animé, le 18 novembre 2025, un panel placé sous le thème « Vers une cacaoculture résiliente et bas-carbone : innovations de la recherche agronomique et de la finance climatique ».
Modéré par M. Jean Paul Aka du PNUD, cette tribune a permis d’explorer les solutions visant à bâtir une cacaoculture résiliente et bas-carbone, qui mise sur l’innovation et la finance climatique.
Plusieurs menaces pèsent sur le verger cacaoyer, a souligné d’entrée de jeu Dr Tahi Mathias, Directeur en charge de la Recherche et de la Lutte contre le Changement Climatique au Conseil du Café-Cacao.
Il a cité les principales maladies que sont le champignon agressif Phytophthora megakarya et le virus du swollen shoot. Ces fléaux entraînent des pertes financières considérables pour les planteurs et pour l’économie nationale.
« Pour la pérennité de la filière, la recherche se doit d’apporter une réponse adéquate », a-t-il insisté, avant de présenter des innovations comme l’agroforesterie, l’introduction du Biochar, l’exploitation des mycorhizes et la fertilisation raisonnée.
Ces solutions exigent des ressources importantes pour leur développement et leur mise à l’échelle, d’où la nécessité de financements additionnels. Pour répondre à ce défi, Dr Amani Kouassi du Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) a présenté le Mécanisme des Bénéfices d’Adaptation (ABM), récemment approuvé par les experts.
Il a expliqué que ce dispositif permet de quantifier, certifier et financer les bénéfices d’adaptation, notamment ceux issus de l’agroforesterie cacaoyère.
« Grâce à l’ABM, les producteurs pourraient être rémunérés pour des pratiques qui renforcent leur résilience face à la sécheresse, aux maladies et au stress climatique. L’adaptation devient enfin bancable », a-t-il affirmé.
À ce sujet, Dr Beria Leimona lui aussi du CIFOR, a élargi la perspective en évoquant les marchés carbone, les paiements basés sur la performance et les mécanismes incitatifs pour valoriser les services écosystémiques du cacao. Ces approches ouvrent la voie à des revenus additionnels pour les producteurs, a-t-il renchéri.
Des financements disponibles mais exigeants
Moubarak Moukaila (BOAD) a souligné que d’importantes ressources financières existent sur le marché, prêtes à être mobilisées par des projets solides. La BOAD propose des mécanismes adaptés au secteur agricole, accessibles au public comme au privé, avec une co-construction pour garantir leur bancabilité. Cependant, il a pointé un obstacle majeur, à savoir, le manque de données fiables, qui empêche de démontrer la durabilité des projets. « Les États doivent aider à corriger cette faiblesse », a-t-il précisé.
M Kouadio Fidèle représentait le FIRCA à ce panel. Il a rappelé le rôle du FIRCA, accrédité au Fonds Vert Climat et au Fonds d’Adaptation, en matière d’accompagnement des organisations de producteurs et des institutions publiques pour un accès aux financements climat.
Les discussions ont également abordé des thèmes comme les fonds de préparation, le choix des arbres en agroforesterie, le stockage du carbone par les cultures, et la coopération entre structures accréditées.
Son Excellence Monsieur Diamoutene Alassane Zie, Ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Brésil, a recommandé le renforcement de la coopération agricole entre les pays, afin de partager les innovations et les bonnes pratiques pour une cacaoculture durable.
