Le Sofitel Hôtel Ivoire d’Abidjan a accueilli, le vendredi 5 juillet 2024, une importante table ronde sur le financement climatique organisée en présence du Directeur Général adjoint du Fonds Monétaire International, du Centre Mondial pour l’Adaptation et de nombreux experts internationaux. La cérémonie d’ouverture a été présidée par Robert Beugré Mambé, représentant le Vice-président de la République, Tiémoko Meyliet Koné.
Le Premier ministre ivoirien, Robert Beugré Mambé, a souligné l’importance de la question climatique pour le Gouvernement ivoirien, rappelant que cette problématique est au cœur des actions quotidiennes de l’État.
« La Vision nationale a été définie avec clarté par le Président de la République, Alassane Ouattara, dès 2015. Nous avons établi nos premières contributions déterminées au niveau national en engageant le pays à une réduction substantielle de ses émissions de gaz à effet de serre. Notre objectif initial de réduction de 28 % a été relevé à 30,41% d’ici 2030 dans les CDN révisées et soumises à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques », a-t-il déclaré.
Il a insisté sur la nécessité d’explorer divers outils de financement pour soutenir les projets en cours. Dans ce cadre, les projets d’investissements restent une pierre angulaire, mais l’accent est également mis sur des solutions novatrices pour répondre aux défis climatiques.
« Pour la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national jusqu’en 2030, les ressources nécessaires sont estimées à 22 milliards de dollars, représentant environ 17 % du PIB sur la période. Dans cette perspective, l’appui des partenaires internationaux, des institutions financières, des donateurs et des investisseurs privés apparaît essentiel », a-t-il ajouté.
Un engagement fort a été pris en faveur du soutien budgétaire au climat. Dans des secteurs sensibles et vulnérables, comme l’eau, l’énergie et l’agriculture, des financements substantiels ont déjà été approuvés ou sont en cours de discussion. Un exemple notable est l’approbation récente d’un financement de 825 millions de dollars pour le secteur de l’eau, dans le cadre de l’Approche Programmatique Multiphase.
Ce programme vise à renforcer la résilience hydrique du pays face aux impacts climatiques.
La rencontre a été marquée par plusieurs panels animés par les membres du Gouvernement ivoirien, fortement représenté. Ces tribunes ont permis aux participants issus des ministères en charge de l’Environnement, de l’Économie et du Plan de mettre en lumière la stratégie climatique de la Côte d’Ivoire qui combine réformes structurelles, soutien financier et initiatives innovantes.
Dans le domaine de l’énergie, par exemple, le pays bénéficie du soutien du programme Empower Africa, avec pour objectif d’augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national de 30 % à 45 %. Ce projet ambitieux est essentiel pour la transition énergétique du pays et sa lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Le secteur agricole, pilier de l’économie ivoirienne, n’est pas en reste. Le gouvernement travaille en partenariat avec des organismes internationaux sur des projets d’agroforesterie pour promouvoir un cacao durable, notamment à travers le projet d’investissement forestier. Ces initiatives visent à rendre l’agriculture ivoirienne plus résiliente aux changements climatiques tout en préservant les ressources forestières.
Aussi, faut-il noter que les initiatives telles que ‘’Abidjan Legacy Program”, lancée lors de la COP15 en 2022, afin de combattre la désertification et la sécheresse, viennent renforcer la stratégie climatique et les réformes. Divers travaux sont en cours pour définir un cadre réglementaire sur la restauration des forêts et le développement de l’agroforesterie, qui permettront de faciliter la mobilisation des crédits carbone et des fonds verts au profit des populations.
La Côte d’Ivoire figure également parmi les premiers pays africains à réaliser un diagnostic climat complet, ce qui permet d’élaborer des réponses adéquates aux défis environnementaux.
Selon les estimations de la Banque mondiale, entre 2 et 6 % de ménages supplémentaires pourraient basculer dans l’extrême pauvreté d’ici 2030 en raison du changement climatique. Cela signifierait qu’un million de personnes supplémentaires vivraient avec moins de 1,90 dollar par jour, en plus des six millions de personnes déjà en situation d’extrême pauvreté.
Ces chiffres, qui démontrent clairement que le changement climatique a un impact réel sur la croissance économique et le développement humain, devraient interpeller chacun à la protection de l’environnement et à l’adoption de gestes éco-citoyens.