Chers compatriotes
Chers acteurs et amis de l’environnement
Mesdames et Messieurs,
Le 17 juin 2022, quelques jours après la COP15 qui s’est tenue le mois dernier, à l’instar de tous les pays-parties à travers le monde entier, la Côte d’Ivoire notre pays, célèbrera la Journée Mondiale de la Lutte contre la Désertification et la Sécheresse. Cette Journée est pour la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification et la Sécheresse (UNCCD/CNULCD) l’occasion de faire une rétrospective des actions menées depuis sa création, mais aussi, une vaste offensive médiatique de proximité et de prise de conscience des populations des conséquences désastreuses de ces fléaux. Par ailleurs, cette Journée permet de communiquer largement et de sensibiliser sur les actions à mener pour non seulement préserver nos terres, mais aussi et surtout, les restaurer, quand malheureusement la dégradation s’est inévitablement installée et sévit.
Cette année le thème de la Journée est : «Tous Ensemble pour Vaincre la Sécheresse ». La sécheresse est un phénomène naturel apparaissant dans toutes les régions du monde et particulièrement en Afrique. Elle est liée à un manque ou une baisse de la pluviométrie dans une région donnée.
Mes Chers compatriotes,
Ce n’est un secret pour personne, La sécheresse est l’une des catastrophes naturelles les plus destructrices en termes de pertes de vies humaines dues à ses conséquences, telles que les mauvaises récoltes à grande échelle, les incendies de forêt, même de villages et des récoltes. Exacerbées par la dégradation des sols et le changement climatique, les sécheresses sont de plus en plus fréquentes et sévères, avec une augmentation de 29 % depuis 2000, et 55 millions de personnes touchées chaque année selon les experts des Nations Unies.
D’ici 2050, selon ces experts, les sécheresses pourraient toucher les trois quarts de la population mondiale. Selon M. Ibrahim Thiaw Secrétaire Exécutif de l’UNCCD, « les récentes sécheresses laissent présager un avenir précaire pour le monde. Les pénuries de nourriture et d’eau ainsi que les incendies de forêt causés par la sécheresse sévère se sont tous intensifiés ces dernières années. »
Il s’agit donc d’un problème mondial auquel il faut urgemment et vigoureusement faire face.
Le thème de cette année :«Tous Ensemble pour Vaincre la Sécheresse », est une sonnette d’alarme que tire la convention, car la sécheresse provoque inévitablement la désertification, le changement climatique et les conséquences néfastes qui en découlent. La problématique de la désertification, entendez par là, la dégradation des terres, est de nos jours une préoccupation majeure dans le monde entier. En effet, malgré les efforts consentis par la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et les gouvernements en vue d’enrayer ce fléau, la situation ne fait que s’empirer sur toute la planète. À l’échelle mondiale, 30% de toutes les terres ont perdu leur vraie valeur en raison de leur dégradation. Comment pouvons-nous répondre à nos besoins les plus élémentaires et prioritaires – et encore moins à nos désirs – quand la quantité de terres saines et productives diminue si radicalement ?
La dégradation des terres est un réel danger pour les populations, pour la sécurité alimentaire et aussi pour la paix et la stabilité dans le monde. Lorsque la sécheresse survient, les terres cessent d’être productives, les populations sont souvent contraintes à des migrations, à l’intérieur de leur pays et même au-delà des frontières nationales. Elles vont s’installer dans des zones urbaines mais surtout dans des zones encore propices aux activités agricoles. Ces zones d’accueil du fait de la croissance démographique, connaissent indubitablement une pression foncière. Il en résulte des conflits intercommunautaires aux conséquences incalculables. Par ailleurs, nos parcs et réserves sont infiltrés par ces migrants. A l’insu des autorités en charge de leur protection, ils deviennent des terres d’accueil où se développent diverses activités notamment l’agriculture. Ces infiltrés détruisent ces précieux patrimoines pour lesquels l’Etat et certains partenaires ont tant investi.
Les conséquences de ce fléau sont tout autant nombreuses que désastreuses.
C’est pourquoi, par ce thème, «Tous Ensemble pour Vaincre la Sécheresse »,
la Convention sur la lutte contre la Désertification et la sécheresse, veut sonner la mobilisation de la planète entière à faire face à ce fléau qui affecte le bien-être des populations et contrarie le développement économique et social de nos pays.
La terre est un bien précieux à protéger non seulement pour nous, mais aussi et surtout pour les générations futures, c’est-à-dire nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants en faisant barrage à la sécheresse et à ses conséquences.
Mesdames et Messieurs,
La Côte d’Ivoire, notre pays, bien que très arrosée puisque située en zone tropicale humide, la sécheresse qui affecte de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest s’y fait également ressentir. Selon la SODEXAM, l’analyse des hauteurs des précipitations annuelles par rapport à la normale 1971-2000 a montré que les années 70 ont connu une situation variable marquée par une tendance sèche. A partir des années 80 jusqu’en 2000, la Côte d’Ivoire a connu une longue période de déficit pluviométrique d’environ 3% par rapport à la normale 1971-2000, avec des périodes de forte sécheresse notamment en 1983 et 1998 avec des baisses respectives de 15% et 11% par rapport à la même normale. Environ 17% des régions ont subi les effets de sécheresse entre 1981 et 2000.
L’agriculture de notre pays étant de type pluvial, elle est donc fortement tributaire des conditions climatiques, d’où sa vulnérabilité face à la sécheresse.
La sécurité alimentaire se voit menacée voire compromise dans certaines régions du pays. L’économie de la Côte d’Ivoire qui repose essentiellement sur l’agriculture et les ressources naturelles subit donc les impacts de la sécheresse.
C’est pourquoi nous tenons à saluer toutes les initiatives qui visent à endiguer les impacts de ce fléau et par conséquent à préserver nos terres de la perte de l’une de leurs fonctions principales qu’est la production ou, à défaut, toute initiative qui vise à les restaurer quand la dégradation s’est imposée à nous.
Aussi, voudrais-je saisir l’occasion que nous offre cette journée pour remercier et féliciter la CNULCD d’une part pour avoir choisi notre pays afin d’abriter la COP 15 et être ainsi son porte-voix, et d’autre part pour les programmes et projets initiés en vue d’une forte réduction des superficies dégradées d’ici l’an 2030. Ainsi, on espère faire reculer le nombre de personnes victimes de la dégradation des terres et de la sécheresse, et concrétiser les nombreux avantages liés à une augmentation progressive de la surface de terres gérées de manière pérenne.
Ces initiatives s’inscrivent dans l’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD) dont l’ODD 15.3 stipule qu’il faut « lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité »
Nous tenons aussi à remercier tous nos partenaires techniques et Financiers qui nous soutiennent dans cette inlassable lutte contre la dégradation des terres et la sécheresse ; il s’agit en occurrence, du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), l’Organisation des Nations Unies pour l’Environnement (ONU-Environnement) qui conduit depuis peu un projet sur la Gestion Durable des terres dans notre pays, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’Organisation Mondiale pour l’Alimentation (FAO), l’Organisation Mondiale pour la Conservation de la Nature (UICN), la Coopération allemande de Développement (GIZ), et tous les autres que je n’ai pas pu citer.
Chers compatriotes,
Nous devons chacun à son niveau, jouer un rôle fondamental sur le terrain ou dans les prises de décision concernant la lutte contre le fléau qu’est la sécheresse pour une Gestion Durable des Terres. Nos contributions individuelles et collectives seront essentielles et nécessaires pour l’atteinte des résultats escomptés. C’est dans cette logique participative et inclusive que nous réussirons le pari de résoudre la question de la sécheresse, c’est à dire sauver le quotidien des générations futures.
Mesdames et Messieurs, Chers compatriotes,
L’état des lieux montre un tableau sombre donc un avenir incertain. Toutefois si des efforts sont consentis à tous les niveaux, il est certain que ces fléaux que sont la sécheresse et la dégradation des terres, nos sols retrouveront leur fertilité, donc leurs fonctions nourricières et, les populations concernées leur bien-être, donc le sourire.
Oui ! C’est possible si nous unissons nos forces car c’est « Tous Ensemble que nous Vaincrons la Sécheresse »
Je vous remercie