Madame l'Ambassadeur de l'Union Européenne en Côte d'Ivoire ;
Madame la Directrice des Opérations de la Banque Mondiale ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Institutions Financières, du Secteur Privé et des Partenaires Techniques et Financiers ;
Invités Distingués ;
Mesdames et Messieurs,
C'est avec un immense honneur et une profonde gratitude que je prends la parole aujourd'hui à cette Table Ronde consacrée à un enjeu majeur : l'impact des changements climatiques sur l'économie ivoirienne.
Le défi climatique n'est plus une hypothèse lointaine ; il est une réalité bien présente qui menace notre développement et les chiffres sont sans appel : nous risquons une perte potentielle de 13 % du PIB d'ici 2050 si nous ne réagissons pas rapidement ; nous courons le risque de faire basculer plus de 1,6 millions de personnes dans la pauvreté le même horizon ; et l'impact sur l'agriculture, qui représente 13,44 % de notre PIB et emploie 46 % de notre population active sera sévère. En effet, en 2023, nous avons enregistré des pertes de production de 22,8 % pour le cacao et 50,9 % pour le café en raison des conditions climatiques extrêmes ; par ailleurs, l'érosion côtière devrait s'accélérer, mettant en péril 60 % de notre littoral et menaçant nos infrastructures et les communautés vivantes le long des côtes ; notre pays a également connu une augmentation de 18,5 % des émissions de gaz à effet de serre entre 2010 et 2021, due notamment à la déforestation et à notre dépendance aux énergies fossiles ; enfin, les besoins de financement de nos Contributions Déterminées au niveau National (CDN) pour atteindre nos objectifs climatiques s'élèvent à 22 milliards USD alors que notre marge budgétaire reste limitée.
Face à ces défis, l'inaction n'est plus une option : nous devons agir avec urgence et détermination. Loin d'être un frein à notre croissance, la transition écologique représente une formidable opportunité pour bâtir une économie plus résiliente, plus compétitive et plus inclusive.
C'est dans cette optique que cette table ronde est organisée. Elle s'inscrit dans une série d'initiatives portées par mon Département Ministériel, en phase avec notre Plan Stratégique 2024-2026. Notre objectif est clair : impliquer activement le secteur privé et tous les acteurs du développement durable dans la lutte contre le changement climatique et la transformation de notre économie.
Grâce à l'étude menée par Bloomfield Investment et d'autres Partenaires au Développement dont la Banque Mondiale, nous disposons d'éléments factuels qui guideront nos discussions. Mais nous devons aller plus loin : cette rencontre doit aboutir à des propositions concrètes et applicables pour faire de l'action climatique un moteur de développement.
Mesdames et Messieurs,
La lutte contre les changements climatiques nécessite des actions décisives dans plusieurs domaines stratégiques : il faut nous intégrer systématiquement la dimension climatique dans nos stratégies économiques et financières pour faire de l'adaptation et de la résilience un levier de croissance ; il faut nous également accélérer la transition énergétique, en particulier notre dépendance aux énergies fossiles et en mettant sur les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique ; il faut nous aussi sécuriser notre agriculture, en développant des pratiques climato-intelligentes, en optimisant la gestion de l'eau et en renforçant le soutien aux producteurs ; nous devons également mobiliser des financements innovants, en créant un environnement propice aux investissements verts et en développant des instruments financiers adaptés ; enfin nous devons protéger nos infrastructures et nos zones côtières pour limiter les pertes économiques liées aux catastrophes naturelles.
Mesdames et Messieurs, Chers participants à cette Table Ronde,
Sous l'impulsion de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République, et du Gouvernement, la Côte d'Ivoire a déjà amorcé des réformes ambitieuses pour concilier Développement Economique et Transition Ecologique.
Permettez-moi de dire, à titre d'exemple, qu'en octobre 2024, près de 90 initiatives d'adaptation avaient été mises en place dans des secteurs clés tels que l'agriculture, l'énergie et la foresterie. Il s'agit entre autres : des projets d'agroforesterie dans la Mé, le Nord-Est et le Sud-Ouest, avec des paiements aux agriculteurs pour services environnementaux (PSE) tels que la préservation de la biodiversité, la séquestration du carbone ou la protection des ressources en eau. Ces dispositifs encouragent la transition agroécologique et la performance environnementale des exploitations agricoles ; de la création d'Aires Marines Protégées (AMP) à Grand-Béréby pour préserver nos ressources halieutiques et notre biodiversité ; du Projet d'Investissement pour la Résilience des Zones Côtières en Afrique de l'Ouest (WACA ResIP) qui est une initiative soutenue par la Banque Mondiale, visant à renforcer la résilience des communautés et des infrastructures côtières face aux défis de l'érosion côtière notamment.
Le Projet est mis en œuvre dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, dont le Bénin, la Côte d'Ivoire, la Mauritanie, São Tomé-et-Principe, le Sénégal et le Togo ; du Programme Intégré de Développement et d'Adaptation au Changement Climatique dans le Bassin du Niger (PIDACC/BN) qui est une initiative régionale mise en place pour améliorer la résilience des écosystèmes et des populations face aux effets du changement climatique dans le bassin du fleuve Niger. Ce Projet vise essentiellement à renforcer la gestion durable des ressources naturelles, à lutter contre la dégradation des terres et à améliorer les conditions de vie des communautés locales.
Dans le domaine de l'atténuation, 180 initiatives majeures ont été mises en œuvre avec nos Partenaires Techniques et Financiers parmi lesquels : le Projet de Réduction des Émissions de gaz à effet de serre autour du Parc national de Taï (PRÉ).
Il s'agit d'une initiative visant à diminuer les émissions de GES liées à la déforestation et à la dégradation des forêts dans la région du parc national de Taï. Ce projet s'inscrit dans le cadre du mécanisme international REDD+ (Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts) qui encourage les Pays en développement à adopter des pratiques de gestion forestière durable ; la mise en service de la centrale photovoltaïque de Boundiali (37,5 MWc) en 2024 ; le projet de biométhanisation à Akouédo, permettant de réduire 25 000 tonnes d'équivalent CO₂ en valorisant les déchets ; la mise en place d'un système national de suivi de la forêt et d'alerte précoce contre la déforestation, notamment pour la filière cacao.
Mesdames et Messieurs,
Malgré ces avancées, certes encourageantes, nous devons redoubler d'efforts et aller plus vite.
Les discussions d'aujourd'hui sont donc cruciales : elles doivent nous permettre d'identifier les leviers d'action prioritaires, de renforcer notre cadre stratégique et financier et d'impliquer davantage tous les acteurs, en particulier le secteur privé.
Nous avons une responsabilité historique. Les choix que nous ferons aujourd'hui détermineront l'avenir de notre pays et des générations futures.
Agissons ensemble, avec audace et engagement, pour faire de l'action climatique un moteur de prospérité pour la Côte d'Ivoire.
C'est sur cette forte attente que je vous souhaite des discussions fructueuses.
Je vous remercie pour votre aimable attention.